mardi 12 juillet 2016

L'artiste chrétien. 6. Son métier


« Il connaît toutes sortes de techniques…J’ai mis de la sagesse dans le cœur de tous les gens habiles pour qu’ils fassent… » (Exode 31,3, 6). L’art, c’est travailler sans cesse, remettre l’œuvre mille fois sur le métier. A travers cet incessant travail il s’agit d’acquérir de l’habilité. Si l’art est un don et une sagesse qui descendent d’en haut, il est aussi et surtout un engagement constant et un effort.

L’art est à la fois don et appel à se donner, grâce et engagement. Le génie est un long apprentissage et non un dilettantisme. Comme en toutes choses dans la vie chrétienne, il y a l'aspect divin (le talent artistique) et l'aspect humain (l'effort du métier) 

« Je ne suis pas un artiste, mais un artisan » me disait avec insistance un aquarelliste. Il en voulait à une forme d'art qui s’épargnait la sueur de l’apprentissage du métier.

Continuer à se former, à étudier, à s’initier à de nouvelles techniques. Prendre du temps pour lire, écrire, découvrir de nouvelles approches est essentiel pour que la  créativité et la pensée se renouvellent sans cesse. Picasso, par exemple, a fait des recherches jusqu'à la fin de sa vie.

Toutefois, rappelons-nous que le travail doit toujours être accompagné de prière. La vieille maxime des bénédictins « ora et labora » - « prie et travaille » est particulièrement vraie pour l’artiste chrétien. 

Trois moments essentiels: prier, servir, accueillir la souffrance. 
Je vois en fait trois moments essentiels pour acquérir une sagesse dans le métier d’artiste : d’abord prier. Pas seulement seul dans sa chambre, mais en cherchant d’autres artistes et amis pour discerner ce que Dieu nous dit quand nous sommes ensemble. S’il y a une grâce donnée dans la prière faite dans sa chambre « là où le Père nous voit dans le secret » (Matthieu 6,6), il y a aussi une grande grâce dans la prière faite quand nous sommes rassemblés dans le nom de Jésus, car il est au milieu de nous (Matthieu 18,21).

Puis servir notre prochain jusqu’à ce que celui ou celle que nous servons s’ouvre à nous, voire à Dieu lui-même. C’est dans cette réciprocité que se trouve une des sources vives de la créativité. Elle apporte la lumière. Ce verset de l’Evangile de Jean m’a toujours inspiré. Il dit la vérité : « Celui qui retient mes commandements et leur obéit, voilà celui qui m'aime. Mon Père aimera celui qui m'aime ; je l'aimerai aussi et je me montrerai à lui. » (14,21).

C’est en vivant la Parole, qui, dans l’Evangile de Jean se résume dans le commandement nouveau de l’amour réciproque, que Dieu vient à nous et nous donne des inspirations.

Mais la manière la plus rapide d’acquérir la sagesse artistique est d’accueillir toute douleur, opposition, épreuve, souffrance en restant en communion avec le Christ. Dans ces moments, qui arrivent inévitablement, se souvenir qu’il a lui-même traversé la souffrance en restant dans l’amour. Paul le dit de manière forte : la sagesse de Dieu se révèle dans la folie de la Croix. Et cette folie est plus sage que toute la sagesse des hommes (1 Corinthiens 1,25). La souffrance vécue devant lui et avec lui nous apprend la sagesse plus que tout. Si nous vivons ainsi, Jésus viendra habiter cette souffrance et nous encouragera. Elle nous enseigne le plus grand art et nous inspire les plus belles œuvres.

Pour les autres dimensions de l'artiste chrétien, lire ici


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