mercredi 13 avril 2016

L'artiste chrétien. 1. Sa vocation


Tout commence par l'écoute
« J’ai appelé par son nom Bessalel » (Exode 31,1). L’artiste est une personne qui a répondu à un appel de Dieu. Les voies par lesquelles Dieu appelle sont multiples. On ne peut mettre l’appel de Dieu dans une boîte.
Parfois cela prend beaucoup de temps pour y répondre. Je connais un artiste qui a mis 25 ans pour décider de se consacrer à son art. Tôt ou tard, une réponse est à donner, car avec le temps l’appel intérieur devient de plus en plus fort.

Je veux souligner l’importance de l'écoute : tout commence par elle. Pour pouvoir répondre à une vocation, il faut d’abord écouter Dieu parler.

Mais Dieu parle-t-il ? Si elle ne l’a pas totalement évacué, la modernité a mis Dieu dans les marges. Particulièrement dans le domaine des arts, le royaume de la subjectivité. L’art moderne est anthropocentrique, centré sur l’homme. Et parfois même déshumanisé. Centré non plus sur l’homme, mais sur les objets, les choses. 

Notre époque peut être symbolisée par le roman de George Perec « Les choses », où il traite de la recherche du bonheur à travers le consumérisme. Les personnages sont matérialistes et leur besoin d'acheter est infini. L’art sans coeur peut devenir matérialiste, avide, captateur, séducteur.

Or Dieu parle. Il ne cesse de parler depuis le commencement. « Au commencement est la Parole ». Le problème n’est pas chez l’émetteur, mais chez le récepteur, chez nous. L’artiste est une personne qui écoute Dieu lui parler à travers divers canaux.  

Les sources de la vocation 

Quand nous l’écoutons, Dieu agit. Quand nous le prions, Dieu écoute. Comment l’écouter ? Où l’écouter ? Voilà deux questions essentielles !  Il y a des sources où nous pouvons nous mettre à son écoute : notre cœur, les autres, la nature. Il nous parle aussi à travers les œuvres d’art de l’humanité, à travers d’autres artistes, qu’ils soient chrétiens ou non, car c’est lui qui, en tous temps et sous toutes les latitudes, a « rempli le cœur humain de joie ». (Actes 14,17) L’artiste va à la recherche de cette joie que Dieu a versée dans les artistes qui l’ont précédé.

L’écouter aussi dans nos rêves. Les hommes et les femmes de la Bible étaient convaincus que Dieu parle dans le rêve. Le livre des Nombres dit : « S’il y a parmi vous un prophète du Seigneur, Dieu se fait connaître à lui en vision ; il lui parle en rêve ». (12,6 ; Voir sussi Job 33,14-15 : Dieu parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend pas garde. Il parle par des songes, par des visions nocturnes »).

Il faut travailler nos rêves. Un Père de l’Eglise, qui est en même temps poète,  Grégoire de Naziance, a reconnu que ce sont des grands rêves qui lui ont fourni la charpente de sa pensée.

Cependant « Il ne faut pas s’arrêter au rêve, mais le prolonger par la Parole de Dieu » (Anselm Grün, « Les rêves et la vie spirituelle »). C’est ainsi que des symboles dans un rêve me conduisent à creuser ces mêmes symboles dans les Ecritures. Le rêve enrichit ma lecture des Ecritures.

En tant que chrétiens, c’est dans les Ecritures que Dieu nous parle avant tout. La Bible donne le cadre pour « examiner toutes choses et retenir ce qui est bon » (1 Thess 5,19). Elle fournit un réservoir inépuisable de symboles et d’images. La lire, la méditer, la prier, pour y rencontrer Dieu nous appeler, nous inspirer, nous encourager. La lire seul et avec d’autres. Nous encourager les uns les autres à bien la comprendre, à savoir en y cherchant le Christ, la « Parole » par excellence. 
Martin Hoegger 

Pour les autres dimensions de l'artiste chrétien, lire ici

 

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