mercredi 13 avril 2016

L'artiste chrétien. 5. Lui passer "commande"


« Les artisans suivront exactement les instructions que je t'ai données» (Exode 31,1). Les artistes du Tabernacle exécutent leur oeuvre selon ce qui leur est commandé. L’art est obéissance, au sens profond du terme. Si chacun est appelé à obéir aux commandements divins, l’artiste doit honorer la « commande » humaine qui lui est faite. Mais il discerne derrière celle-ci l’action de Dieu.

« L’art sera réponse à Dieu et responsabilité devant Dieu et les hommes ».[1] Heureuses les communautés qui « commandent » des œuvres à des artistes. Heureux les artistes qui vivent dans de telles communautés !

Est-ce que vous participez à des communautés qui sollicitent votre art ? Je dois reconnaître qu’elles sont assez rares. Permettez-moi de vous partager deux expériences d’il y a quelques années quand j’étais pasteur en paroisse.

Quand des communautés "commandent" à des artistes. 

A Belmont sur Lausanne, j’avais proposé à la communauté de prendre un verset biblique comme Parole à vivre et à méditer durant tout un mois. C’était la « Parole de Vie » publiée par le mouvement des Focolari. J’avais demandé à un jeune musicien de composer un chant sur ce texte : chaque mois un nouveau chant, bref mais bien senti. Un peu dans le style des chants de Taizé. Il l’a fait durant presque trois ans. Le cantique était chanté à chaque culte. Comme je prêchais aussi sur ce verset et qu’il était utilisé dans la catéchèse et dans les groupes de partage (qui étaient nombreux), cela créait une belle unité spirituelle. Ce jeune musicien avait pris la chose à cœur et avait discerné derrière ma « commande » celle de Dieu.

Une deuxième expérience, je l’ai vécue dans la paroisse de Prilly, où j’ai proposé d’organiser chaque année, durant six ans, un spectacle intergénérationnel. Pour cela j’ai pris contact avec divers artistes pour monter le spectacle : un écrivain, un jeune musicien, des danseurs (classique, break dance, rap), un peintre, art floral. Nous avons mis au travail des jeunes et des moins jeunes. Je me souviens qu’une année nous étions plus de 100 sur la scène pour le tableau final. Inutile de préciser que la salle était comble ! Les gens étaient ravis d’avoir participé à un événement que l’art avait rendu possible.

Ces spectacles m’ont fait comprendre que le potentiel artistique d’une paroisse est immense. Pour le révéler, il suffit de « passer commande », confiant que derrière cette démarche, c’est Dieu qui désire parler au cœur de chacun et rassembler son peuple. Quand un tel projet se met en place, mon expérience m’a appris que l’aspect financier suit la vision. Qui cherche le financement le trouve. On ouvre à celui qui frappe à la porte !




[1] Cassingena, p. 27

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